recit de JM Meunier D42

Faire 41ème sur 122 partants, N° 3 en HV2 juste derrière Karim Mosta l'ultratrailer qui a couru le plus au monde (180.000 km), ça le fait comme tu dis !
24H29 pour 107 km et 4800 m de dénivelée + :  je me cherche encore (c'est ça l'adolescence), plus tout à fait un marcheur rapide et pas encore un coureur !
Après analyse multicentrique randomisée en double insu aérodynamique et à rétropulsion, je pense j'aurais pu me rapprocher voire légèrement distancer
mon jeune (HV1= <50 piges) compagnon d'entrainement, j'ai nommé notre playmobil des hauts fourneaux, le coriace mais toujours souriant Stéphane dit "Zébulon" car il saute de pierre en pierre à la traversée des ruisseaux (sinon il n'a pas pied et il se noie)
En effet, tu sais que t'as mal géré ta course parce que quand tu vois la banderole ARRIVEE tu réalises soudain :
"Mais c'est pas possible, on est déjà au bout ? j'ai pris un raccourci ou quoi ? 

1/ Parfois je me claquerais tellement je flâne ! 
C'est tout moi ça, mon coté symbiose avec la nature,les esprits de la Terre. 
Je suis resté un peu trop longtemps en communication télépathique (au sommet du mont Pouédihi) avec mes frères d'Uluru (Ayers Rock pour les touristes) du Totem du lézard.
J'ai fait long palabre avec les indigènes de Netcha (échanges de statuettes contre des gels énergétiques qui préparent à la transe). 
Le clan m'a tout de suite adopté : les vieux m'ont relaté une très vieille légende disant qu'une nuit d'Apocalypse, après des dizaines de  jours de jeûn,
un inconnu noir sur fond blanc arriverait, avec une étoile très lumineuse sur le front, de drôles de manchettes rétractables de chez Raidlight, 
un bracelet amulette de trés grande valeur pour lui (son guide spirituel et topographique) baptisé Garmin 310 xt (un bijou de technologie embarquée ayant nécessité 100 H de formation intensive à la NASA),
une petite hôte de Père Noël de chez Salomon, pleine de nourritures extraterrestres qu'il distribuerait, sauvant ainsi la tribu de la famine.

2/ Et encore si tu tiens compte 
que je me suis perdu deux fois dans la nuit, au milieu de nulle part, en pleine tourmente (au moins 30 mn de rab),
que j'ai pris peut-être un peu trop de temps aux ravitaillements
(surtout à Bois du Sud où j'ai du me redéshabiller 2 fois parce d'abord j'avais oublié de mettre une genouillère puis j'avais mis mon corsaire à l'envers -pas pratique les poches à l'intérieur!-
que je me suis vautré au mois 4 fois sur ce putain de chrome de fer en frisant la double fracture en Pouteau-Colle des poignets (tu demanderas ce que c'est à ton futur patron qui m'as finalement bien opéré le genou faut croire!). Retiens bien ce que je vais te dire petite, je vais te délivrer le secret pour ne plus glisser sur la latèrite cirée aussi bien que sur la glace d'ailleurs (c'est Dawa Sherpa qui me l'a confié en signe de mon appartenance au cercle fermé des ultratrailers : il faut recouvrir tes Asics Trabuco d'une vieille paire de chaussette en LAINE. Accroche maximale garantie, la nuit et le jour témoignent les adeptes. Tu peux gagner une bonne demi heure par tronçon glissant surtout entre Néocallitropsis et Prony.

Bref tout ça pour dire que je suis frais comme un gardon. Seulement un ongle bleu à défaut des yeux ! (On peut pas tout avoir !)

J'aurais pu gagner 30 à 60 mn sans me détruire.  Mais je suis quand même content et très reconnaissant d'avoir eu des compagnons d'entraînement comme vous Patricia, Valérie et Stéphane.
Le choix des sessions d'entraînement a été capital et judicieux pour moi, et Stéphane y est pour beaucoup.

La reco sur les 2 premières étapes entre Dumbéa et Tritianopsis-PontGermain m'a permis de ne pas trop m'engager sur le premier dénivelé de 1400m+ et d'en garder sous le pieds pour la terrible descente 1250m- vers le camp des fougères et les cornes du diable, hyper technique, cassegueule voire dangereuse vues les conditions météo hyper humides. Au moins je savais où j'allais. J'ai été effaré de voir comment le gros du peloton est parti comme une balle. J'ai eu un doute sur ma stratégie, mais je suis resté fidèle à mes sensations et à mon road book perso. Au bout du compte la majorité à payer le prix fort avec pas mal d'abandon et de fin parcours au radar en rampant.

La deuxiéme reco entre Netcha et Prony en session de nuit en duo sans les "meufs" avec Stéph en session de nuit a été trés instructive : après 82 km de crapahut, la plus part du temps seul isolé, il est primordial de connaître exactement ce qui t'attends, le timing les dénivelés. J'étais presque mieux qu'à l'entraînement (5H45 au lieu de 5H pour 25km en tenant d'un stop de 10mn au Néocallytropsis).
Il faut dire qu'en reco dans la montée après Netcha ( pic du pin) je me suis foiré mon dernier genou valide (le gauche) sur collision frontale avec un énorme menhir planqué par des herbes. Je peux vous dire que cette fois, je ne me suis plus fait avoir. Cette ligne de crête est trés piègeuse. L'étape parait facile sur le papier, c'est la plus coutre 10,8 km 620m+. En fait elle est trés technique, trés tournante et fut extrêment ventée cette nuit là. On perd assez vite ses repéres avec les lueurs impressionnantes oranges et blanches de l'usine de Goro Nickel toute proche (l'impression de se rapprocher d'une base vie sur la planète Mars) d'un coté, les lueurs plus lointaines du MontDore et de Nouméa de l'autre. Et vous avancez vers l'usine, puis vous vous en éloignez complètement et sur le coté gauche et ainsi de suite. Le doute s'installe. Pas de panique vous savez que c'est normal.

Val si t'avais fait cette reco avec nous au lieu d'aller chasser le cerfs avec des VIP, t'aurais peut-être continuer à Netcha.
Mais je ne veux pas faire de commentaires tant que tu ne m'auras pas raconter ton périple. Ta décision t'appartient. Le physique c'est sûr tu l'as pour finir un Ultra à un bon niveau.
 Mon challenge c'était de minimiser l'écart sans aller à l'abandon. Je scrutais mon GPS et plus particulièrement la case vitesse moyenne qui allait décider au terme si j'allais accéder à la dignité de "coureur" ou si plus modestement j'allais rester un besogneux "marcheur rapide", catégorie honorable certes mais au combien moins prestigieuse. Serais-je encore accepté dans les séances entraînement de ce corps d'élite. Et si oui, supporterai-je la condescendance pour ne pas dire les quolibets.

En conclusion (faut que j'abrège j'ai une séance de fractionné cet aprèm en vue du dream raid, une séance courte de 10 km, faut pas pousser, on est là pour se faire plaisir !),

Je remercie Claude (Bon pas Berry, on est pas aux césars !) de m'avoir permis de gagner une place au général en étant allé faire un safari aux cerfs avec sa femme.
Je remercie les techniciens sans qui cette course etc...
Une attention particulière pour mon fidèle assistant Luc qui me supporte (dans tous les sens) depuis plus de 20 ans, qui est très organisé, connaît tous mes défauts et mes rares qualités et partage les mêmes goûts à savoir qu'on ne peut supporter personne d'autre que nous.
Un bémol cependant : tu as mal refermé le sac étanche qui du coup ne l'était plus et deuxio, tu m'as refilé des piles à moitié usagées pour ma Maglite. J'ai pas apprécié d'être obligé de changer les batteries au milieu du bush, avec mes petits doigts engourdis et nickelés. Tertio mon hydromir était mal délayé, ça ma fait des grumeaux dans le tuyau du camel et j'ai du faire 4 double back flip pour remettre tout ça en ordre. Sinon tes sparadraps à même mes 2 petits tétons abrasés jusqu'à l'os par 67 km de run (j'avais oubié mon soutif) m'ont un peu soulagé jusqu'à l'arrivée, sauf qu'à l'extraction le dépeçage a été jouissif. Je pouvais allaiter des vampires ou des sangsues (O+). Sinon tu conduits mal ma bagnole, tu m'as foutu les foies au retour dans le crève coeur, surtout quand on a failli se prendre un pickup dans le buffet au prétexte que Mossieu voulait éviter un cratère sur la chaussée droite juste avant un virage. Et puis ta musique pourrie de hard rock de débile ça ma gavé. J'aurais préféré Pink Floyd, Neil Young, Chris Rea, Genesis, Wishbone Ash, Kim Crimson, Rick Wright, Steevie Ray Vaughan ou Led Zep. Et puis tu m'as pas pris assez en photos. Tu pourrais avoir un vrai appareil de pro avec un gros télé, pas une petite m... de touriste. Sinon je t'aime bien quand même. T'inquiètes pas je te ramènerai l'an prochain!!!
Enfin la sérénité va revenir à la maison où la cohabitation d'un ultraraider phase préparatoire, avec des gens normaux peut parfois devenir tendue.
Se lever Raid, manger Raid, boire Raid, penser Raid, s'habiller Raid, se coucher Raid, rêver RAID ça peut devenir un cauchemar pour l'entourage. Qu'il soit remercier ici pour sa patience parfois mise quelque peu en défaut.
Un mot de remerciement pour mon team technique en métropole au centre de haute technologie des raids de bar le duc (silicon valley), je citerais Hélène, Phil sans oublier Nana et Marco de chaumont (atacama desert).

Dr john mickael raidlight dawa sherpa tensing nok garmin salomon trabuco petzl maglite xsoks lafuma tag heuer overstim babibel la vache qui rit bénénuts H1N1

Jean Michel Meunier D42


16/09/2009
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